La Résilience

La Résilience

Qu’est-ce que la résilience ?

La résilience peut être définie comme la capacité à réussir, à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative.

C’est une théorie de vie qui associe :

Intellectualisation : « Pourquoi tant souffrir ? »
Obligation de comprendre, de demander pourquoi, pour apprendre et mieux appréhender « l’agresseur »
Rêve : « Comment être heureux quand même ? »
Découvrir la partie saine de soi, trouver quoi faire avec cette blessure
Main tendue : venant de l’extérieur
Besoin de se sentir en sécurité pour se reconstruire

La résilience a ainsi donc une double caractéristique :

  • Résistance à la destruction
  • Construction d’une existence valant la peine d’être vécue
La résilience - Boris Cyrulnik

Boris Cyrulnik (neuro-psychiatre français) a théorisé et vulgarisé ce concept, en s’appuyant sur des études menées sur des enfants ayant subis des traumatismes dans leur enfance.

Dans son livre “Un merveilleux malheur”, il parle de “L’art de naviguer dans les torrents”

Facteurs de Protection vs Facteurs de Vulnérabilité

La résilience se construit au fur et à mesure des parcours de vie. Elle se met en place en s’appuyant sur des facteurs de protection mais doit toujours tenir compte des facteurs de vulnérabilité propres à chaque individu.

Les facteurs de Vulnérabilité

Les facteurs de vulnérabilité peuvent être individuels, familiaux ou socio-environnementaux. Dans tous les cas, ils viennent fragiliser le processus de résilience que l’individu va vouloir chercher à mettre en place. Il peut s’agir de :

  • Facteurs individuels : qui peuvent nuire à l’estime personnelle et marginaliser la personne. Celle-ci sera alors davantage portée à accepter l’intolérable et à s’isoler. On peut citer :
    • les déficiences : déficit intellectuel, troubles du comportement, retards ou irrégularités du développement, problème de santé physique ou mentale (comme une maladie grave ou chronique, ou un handicap qui limite les activités normales),
    • un tempérament soumis et effacé, une faible estime de soi,
    • des expériences de rejet ou d’exclusion, des séparations précoces,
    • ou toute autre caractéristique fragilisant l’estime de soi : instabilité, résistance aux changements, dépression, crises d’identité, moyens de défense rigides, …
  • Facteurs familiaux : qui ne permettent pas à l’enfant de relever des défis et de développer ses capacités :
    • trop de rigidité ou trop de souplesse parentale, surprotection,
    • des expériences d’abandon, d’abus physiques, sexuels ou psychologiques, de violence conjugale ou familiale,
    • des problèmes de consommation d’alcool ou de drogue dans la famille,
    • décès d’un proche, isolement social des parents, manque de soutien familial, pauvreté, déménagements fréquents, instabilité de la structure familiale,
    • maladie chronique ou problèmes de santé mentale d’un des membres de la famille,
    • discorde, mésentente dans la famille, …
  • Facteurs environnementaux : qui peuvent engendrer un stress plus grand, une perte d’estime de soi, un risque de marginalisation et d’isolement ou de désorganisation :
    • pauvreté, situation économique précaire, milieu défavorisé, pertes d’emploi, périodes prolongées de chômage,
    • problème socio-économique, de logement, d’isolement, environnements hostiles ou instables, désastres naturels, guerres, …
Tous les hommes ne sont pas vulnérables de la même façon ; aussi faut-il connaître son point faible pour le protéger d’avantage.
Sénèque

Les facteurs de Protection

Les facteurs de protection sont des compétences spécifiques qui sont nécessaires au bon fonctionnement du processus de résilience.  Ils proviennent de toutes les parties de l’écosystème :

  • Facteurs individuels :
    • Traits de personnalité : ceux qui soutiennent la résilience sont par exemple : charisme, compréhension de soi , détermination, empathie, flexibilité, humour, indépendance, initiative, optimisme, persévérance, responsabilité, robustesse, sociabilité, …
    • Habiletés sociales et aptitudes relationnelles
    • Bon fonctionnement intellectuel et émotionnel
    • Croyances, valeurs et recherche de sens : trouver un sens à la vie ou à ses blessures permet de métamorphoser la souffrance en engagement, de s’impliquer, d’aider les autres
    • Émotions positives : aident à rétablir le bien-être, permettent de réguler les effets émotionnels négatifs
    • Stratégies d’ajustement : définir ses priorités, planifier ce que l’on peut faire, passer à l’action et apprivoiser les situations de stress (empowerment), avoir une bonne hygiène de vie, …
    • Mécanismes de défense : ceux qui soutiennent la résilience : humour, sublimation (transformer la blessure en actions créatives), anticipation (diminuer les risques en se préparant mentalement et émotionnellement)
  • Facteurs familiaux : solidarité, soutien, cohésion et mobilisation de la cellule familiale pour aider la personne touchée :
    • Attachement sécurisant entre les parents et l’enfant
    • Bonne éducation
    • Bonne entente parentale, liens affectifs soutenants
    • Communication ouverte au sein de la famille
  • Facteurs environnementaux :
    • Soutien en dehors du cercle familial, appartenance à un groupe
    • Tuteurs de résilience : personnes ressources, mains tendues, initiateurs qui s’engagent dans la continuité, croient au potentiel des autres, sont authentiques et empathiques. Ils permettent une sécurisation, un « étayage affectif » qui donne un sentiment de stabilité et qui autorise des projets de construction de soi
    • Identité culturelle ou ethnique
    • Environnement socio-économique

Les facteurs de Résilience

Boris Cyrulnik fait une différence entre ces facteurs de protection (acquis avant le « trauma ») et les facteurs de Résilience qui sont les mêmes mais qui sont développés par l’individu après le « trauma ». Ainsi, même si la personne ne dispose pas des facteurs de protection idéaux au moment du trauma du fait de son parcours de vie, il lui est toujours possible de les développer après le trauma pour surmonter l’épreuve, et ainsi renforcer ses facteurs de protection pour l’épreuve suivante. C’est ainsi que le processus de résilience se construit.

Conclusion

Il y a résilience lorsque les facteurs de protection prennent le dessus sur les facteurs de vulnérabilité et permettent de tempérer le danger de désorganisation psychique et d’atténuer l’impact du traumatisme.

Il est possible d’éliminer, de conjurer certains facteurs de vulnérabilité ou d’en réduire les conséquences, par exemple en apprenant à gérer les conflits ou en fréquentant des organismes ou des ressources du milieu pour contrer l’isolement social.
Les conséquences d’un trauma peuvent également être réduites en utilisant les ressources de notre réseau familial et social, en cherchant du soutien, en demandant de l’aide, en tentant de renforcer nos compétences et en apprenant à gérer le stress.

Les facteurs de vulnérabilité peuvent devenir des facteurs de protection si la personne répond à l’adversité en développant de nouvelles compétences qui lui permettent de s’adapter plus efficacement à l’adversité dans les situations futures.

Il est à noter également que le déclenchement d’un processus de résilience nécessite obligatoirement l’intervention d’un ou plusieurs tiers (tuteurs de résilience) qui apportent une sécurisation affective et permettent une libération de la parole.

Couplé à un entourage culturel motivant, cela va permettre aux personnes touchées de faire quelque-chose de leur blessure, de reconstruire une autre manière de vivre bien, sans oublier le trauma. Bien souvent, cela les emmènera à passer à l’action en s’engageant pour les autres (militantisme, altruisme).

La résilience et le confinement

Une illustration de la résilience dans le confinement que nous avons vécu pendant la crise sanitaire du Covid-19 :

Ceux qui, avant le confinement, avaient acquis des facteurs de protection, ont dû faire un effort pour supporter le confinement mais ils ont pu également profiter du confinement pour écrire, se remettre à la guitare, pour envoyer des messages à des copains qu’ils n’ont pas vu depuis 30 ans… Ils ont déclenché un processus de résilience facile pour surmonter l’épreuve du confinement.
En revanche, ceux qui, avant le confinement, avaient acquis des facteurs de vulnérabilité (maltraitance familiale, précarité sociale, mauvaise école, mauvais métier, petit logement, le tout étant associé…) ont beaucoup plus souffert du confinement par manque de ressources internes. Et quand le confinement se termine, ils sont plus traumatisés qu’avant. Il y a donc une inégalité sociale qui existait avant le traumatisme et qui a été aggravée par celui-ci.

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